Le monde traverse une période de changements rapides. Les bouleversements économiques, sociaux et politiques influencent la manière dont les sociétés se structurent. Les crises systémiques s’accélèrent : bulles financières, crise du COVID, inflation, catastrophes écologiques, nouveau risque de bulle financière. Le Brexit, la montée du Rassemblement National en France, la réélection de Donald Trump et le mouvement des agriculteurs illustrent une montée du « populisme » que nous nommerons conservatisme, marquant une réaction croissante aux politiques mondialistes. À côté de ces changements, l’Asie émerge comme le centre la croissance mondiale. La Chine, l’Inde et d’autres puissances asiatiques redéfinissent l’ordre mondial.
Où la balance va-t-elle pencher dans quelques années ? L’avenir appartient à ceux qui voient les possibilités avant qu’elles ne deviennent évidentes. Nous analysons comment les fractures sociales que nous n’observons pas seulement en France, peuvent influencer la stratégie des hôteliers à long terme, dans un monde où l’Asie devient de plus en plus influente.
Les grandes métropoles sont devenues les moteurs de l’économie mondialisée, où les élites sont les bénéficiaires de la mondialisation, de l’évolution technologique et des politiques progressistes. Ces transformations ont créé une fracture croissante avec les zones rurales, suburbaines et les petites métropoles, où une large partie de la population se sent délaissée. Les travailleurs des campagnes, notamment dans l’industrie et l’agriculture, observent une érosion de leurs repères et de leur mode de vie traditionnel. Parallèlement, on observe une déliquescence des petites métropoles avec la fermeture des commerces, des écoles, des hôpitaux… Ce déclin progressif de ces territoires renforce le sentiment d’abandon et d’isolement face aux grandes agglomérations qui bénéficient pleinement de la mondialisation. L’action politique est perçue par ces populations comme déconnectée des réalités locales, favorisant un modèle globalisé qui ne répond pas à leurs préoccupations essentielles comme l’emploi, la sécurité et l’identité culturelle.
Cette fracture idéologique se traduit par un rejet croissant du wokisme, perçu comme un facteur de division. Le rejet des élites et des politiques mondialisées trouve une expression forte dans l’élection de Donald Trump en 2025. Ce rejet est également visible en Europe, à travers la montée de partis comme le Rassemblement National en France, incarnant une réponse conservatrice et nationaliste contre un modèle jugé déconnecté des réalités populaires.
Comment les hôteliers peuvent-ils prendre en compte ce constat et ses implications ? Faut-il se concentrer sur une clientèle cosmopolite, attirée par des valeurs globales et progressistes, ou sur une clientèle attachée aux valeurs locales, aux traditions et à l’authenticité ? La clé peut résider dans l’équilibre entre ces deux mondes. Les hôteliers pourraient trouver opportunité à la flexibilité et proposer des expériences répondant à la fois aux préoccupations « globales » et plus « romantiques », en mettant l’accent sur la durabilité, l’authenticité, la provenance des produits et l’inclusivité tout en respectant les cultures locales. La direction prise par les marques hôtelière sera en fonction de leur ADN.
Les jeunes générations seront les clients des hôtels de demain. Partir du constat actuel pour anticiper les besoins futurs et ajuster sa stratégie est un défi complexe.
Les jeunes, qu’ils soient urbains, ruraux ou des zones suburbaines, présentent des attentes divergentes. En ville, beaucoup adhèrent à des valeurs progressistes comme l’inclusivité, l’écologie et la justice sociale, tout en se sentant déconnectés des partis politiques traditionnels, jugés inadaptés face à leurs préoccupations telles que le chômage, l’écologie ou la précarité.
Dans les zones rurales, les jeunes, souvent plus conservateurs, ressentent aussi un décalage avec le modèle globalisé. Ils estiment que leurs préoccupations locales – emploi, sécurité, identité culturelle – sont ignorées par un système politique trop axé sur les valeurs progressistes et mondialisées. Cela accentue la fracture entre les jeunes des villes et ceux des campagnes.
Les jeunes des zones suburbaines, issus de milieux populaires ou immigrés, se sentent souvent marginalisés. Le manque de réponses concrètes à leurs préoccupations sociales, comme l’accès à l’emploi et à l’éducation, les pousse à se désengager et à chercher des formes d’engagement direct, souvent à travers des mouvements sociaux.
Bien que la mobilité sociale se soit améliorée ces 30 dernières années, le déclassement social reste fréquent, notamment en raison de la précarité et des inégalités économiques croissantes. Le brassage social dans l’éducation est plus marqué dans certains pays occidentaux, ce qui favorise une meilleure compréhension des enjeux sociaux et influence les attitudes et engagements des jeunes générations.
Les valeurs des jeunes des zones rurales et suburbaines sont de plus en plus partagées, ce qui donne un sens à des valeurs comme l’authenticité ou la tradition locale, chères aux jeunes ruraux, et l’inclusivité et l’accessibilité, particulièrement importantes pour les jeunes des cités. Ces valeurs peuvent être intégrées à conditions qu’elles le soient de manière sincère et cohérente dans la stratégie des marques, car la crédibilité des marques repose sur leur engagement véritable. De nouveaux concepts comme l’a été Mama Shelter, qui a cassé les codes traditionnels de l’hôtellerie, pourront résonner auprès de la future clientèle trentenaire, mais nécessitent un renouvellement constant et une créativité soutenue.
Le monde se réoriente économiquement et politiquement, avec l’Asie comme principal moteur de croissance. La Chine, l’Inde et d’autres économies asiatiques redéfinissent l’ordre mondial. Ces régions connaissent une urbanisation rapide, une forte croissance démographique et un développement technologique accéléré, ce qui en fait des moteurs essentiels de la demande mondiale.
La Chine poursuit sa stratégie de domination économique via des initiatives comme la « Belt and Road Initiative » (BRI), et l’Inde devient un acteur clé, particulièrement dans les secteurs technologiques et manufacturiers. Le Japon et la Corée du Sud continuent d’être des leaders technologiques.
Cette réorientation vers l’Asie aura des implications profondes pour les économies occidentales, qui devront s’adapter à un monde multipolaire. Pour les hôteliers, cela signifie qu’ils devront adopter une vision globale, comprendre les modes de vie asiatiques et anticiper un afflux croissant de clients asiatiques dans les années à venir.
Le monde est en mutation rapide, et ces évolutions auront un impact considérable sur la manière dont les hôteliers doivent anticiper les besoins des générations futures. La fracture entre les élites urbaines et les conservateurs, ainsi que les tensions idéologiques, se répercuteront sur les attentes des clients. À cela s’ajoute un basculement géopolitique vers l’Asie, qui devient le principal moteur économique mondial. Les jeunes générations, porteurs de valeurs différentes, demanderont des expériences plus authentiques, personnalisées, respectueuses de l’environnement et de la diversité. Les hôteliers devront également se préparer à un afflux croissant de clients asiatiques, dont les besoins et modes de vie pourraient être très différents. Pour réussir à capter cette clientèle de demain, l’hôtellerie devra s’adapter, en trouvant un équilibre entre l’authenticité locale, les attentes globalistes et les influences asiatiques, tout en restant agile face aux évolutions sociales et politiques.
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