Nous sommes une humanité malade et pas seulement du Corona Virus.
Nos ainés nous parleraient peut-être de la seconde guerre mondiale comme d’une période aussi surprenante que terrifiante mais notre génération n’a pas cette expérience. Nous marchons en terra incognita et ça fait peur.
Cette crise n’est qu’un catalyseur pour nous signifier une fois encore que nos modèles économiques craquent. Ce n’est pas sans rappeler à notre souvenir l’histoire de la tour de Babel. Relisez-la.
« Tout doit être reconstruit, repensé » dit un manager sur LinkedIn. Il semble que nous ayons eu besoin d’un nième avertissement pour en prendre conscience et encore, pas partout. Nous voyons par exemple que de l’autre côté de l’Atlantique, une partie d’un pays est prête à sacrifier, au nom de la croissance, une petite frange de sa population.
Dans quel état avons-nous mis nos économies, nos peuples, notre planète ? Le monde qui marchait sur la tête va-t-il remettre ses idées à l’endroit ?
Quelles consciences vont émerger de tout ceci et comment nos consommateurs vont-ils réagir ?
Il n’y a aura pas de big bang, ne nous trompons pas. Les machines de guerre économique et financière vont poursuivre leur prédation car chacun ou presque, y trouvera son compte. Mais quand même, toutes les dévastations font leur chemin et les choses ne sont plus tout à fait comme avant. Une partie croissante de la population, un peu partout sur le globe, se met en marche.
« Tout doit être reconstruit, repensé ». Mais dans quelle direction ? Comment l’hôtellerie peut-elle adapter son offre à ce qu’elle sent de l’évolution des attentes qui se profilent ?
Le mois dernier, dans la première partie de notre article sur ce même thème, nous avions abordé 2 tendances dans les comportements de consommation en émergence :
Nous allons maintenant décrire 2 autres courants qu’il me semble important de prendre en compte dans l’adaptation de notre offre :
C’est le prolongement d’une tendance confirmée qui s’était illustrée dans la boutiqu’hôtelisation.
Avons-nous compris pourquoi, au moins au début, AirBnb a séduit tant de voyageurs ?
Jusqu’à quand cette recette « d’exotisme » va-t-elle fonctionner ?
Avons-nous encore envie de standardisation ? Ces réceptions où l’on reçoit assis, un client qui reste debout ? Ces espaces au desk disproportionné qui donne plus de place aux classeurs et aux écrans qu’aux clients ?
Avons-nous encore envie de ces chambres stéréotypées, aux têtes de lits thermoformées qu’il nous paraitrait bien saugrenu d’adopter pour notre intérieur ? Avons-nous envie de ces hectares de murs qui ne parlent pas où si peu, entichés d’encadrements qui viennent tout droit Ikéa.com ?
Avons-nous encore envie de ces hôtels face à la mer équipés d’une piscine haricot bordée de palmiers qui singent un exotisme bien curieux où les espaces sont majoritairement minéralisés ?
Avons-nous envie de ces tentatives de décoration maladroites à grand recours de mobilier fabriqué en chine, où l’on nous raconte une histoire grotesque sur un thème improbable ?
Nous ne demandons pas forcément de rêver. Nous demandons seulement une attention portée à l’environnement
Nous fuyons ces lieux secs ou ces faux lieux qui ne nous surprennent plus, où impersonnalité et rendement nous sautent au visage. Cette hôtellerie de papa est terminée.
Vive la nôtre. Celle où un climat familial et convivial transpire, où chaque espace s’illustre par sa localité, par la personnalité d’une Maison et de son Équipe, celle où la décoration est entretenue avec amour, plaisir, différence et…goût si possible.
Nous voulons revenir à de vrais produits authentiques, différents, locaux. Nous nous en offrirons moins mais nous les goûterons davantage.
Hôtel Restaurant Famille Bourgeois – Photo Yoann Hervet
Il ne s’agit pas d’imiter ces artistes qui se regroupent entre copains dans un élan de grande générosité pour faire couler ensemble leurs larmes face à l’écran au profit de la cause sensible. Ces techniques de communication dignes des années 80 sonnent faux aujourd’hui.
Comme nous ne supportons plus nos leaders parce qu’ils parlent trop souvent la langue de bois, comme nous sommes agacés par ces donateurs volant à grand bruit au secours de notre cathédrale, nous voulons que nos commerçants nous sourient franchement et nous parlent avec amour de leur produits artisanaux, que notre réceptionniste nous appelle par notre nom et nous demande des nouvelles de notre petit dernier qui prépare son bac. Nous avons envie que notre hôtelier nous dise qu’il nous a gardé la chambre 14 parce nous l’avions aimé.
Nous ne voulons plus que notre messagerie s’encombre de ces newsletters vides de contenu sauf promotionnel. Nous avons envie qu’il nous adresse dans cette période de confinement si dure où nous sentons seul, un simple mot d’attention sans aucun message publicitaire.
Alors avant d’employer à nouveau les mêmes recettes marketing, avant de se lancer dans un durcissement de votre Yield Management, avant de bâtir votre collection d’offres spéciales « Week-end à deux », « Spa et gastronomie »…, invitez plutôt quelques bons amis dans votre hôtel et laissez-les parler franchement de l’hôtel qui leur ferait plaisir.
Posons-nous les questions d’un vrai et profond changement.
Ce qui changera pour les hôteliers après la crise du Coronavirus – 1ère partie
Ce qui changera pour les hôteliers après la crise du Coronavirus – 3ème partie