Le tourisme Mondial entre en tera incognita.
Un tiers de l’humanité est confinée. Les frontières sont fermées. L’offre de transport aérien en Europe s’est réduite de 90%. La crise du COVID19 sonne le retour d’une fragmentation du Monde que nous n’avions pas connu depuis la 2ème guerre mondiale.
Tant que nous ne disposerons pas d’un vaccin ou d’un traitement, on peut présumer que circulation des populations, événements et rassemblements, seront à l’avenir très encadrés.
La première grosse difficulté pour les hôteliers sera de tenir jusqu’au déconfinement. ET après ?
Quels sont les freins à une reprise normale de l’activité en déconfinement ? Comment les professionnels du tourisme voient ils la situation et quelles mesures immédiates actionner ?
La Crise du Coronavirus n’est pas sans faire résonance à l’histoire de la tour de Babel
Nous allons maintenant entrer dans la méfiance.
« Il y a un mois, en Chine, 10 % des hôtels étaient ouverts avec 10 % de taux d’occupation. Aujourd’hui, ce taux est de 35 % avec 87 % de capacité ouverte. C’est la preuve qu’on réenclenche les flux rapidement » nous dit l’UMIH.
En supposant que ces informations soient justes, j’aimerais le croire mais je ne partage pas cet optimisme. Si nous regardons justement en direction de la Chine, la crainte de la 2ème vague monte. Des chinois fuient l’Europe et rentrent chez eux. Toute personne arrivant de l’étranger qu’elle soit chinoise ou non, est obligée de financer sa quatorzaine dans la chambre d’un hôtel réquisitionné. A Taiwan, où les autorités se sont montrées exemplaires dans la gestion de la crise, la quatorzaine est contrôlée par l’état. Les repas sont fournis par l’administration mais l’hôtel est à la charge du voyageur.
Alors que nombre de frontières européennes sont fermées jusqu’à nouvel ordre, mettant à mal l’espace Schengen et la libre circulation des citoyens européens, l’agenda de réouverture des frontières des États membres reste pour l’instant très flou.
Les marchés intérieurs pourraient voir le début d’une reprise de la demande à partir du troisième trimestre mais l’organisation mondiale du tourisme est mesurée sur la reprise des vols longs courriers, soulignant que « les marchés internationaux seront, cependant, plus lents à reprendre, car il semble probable que les gouvernements conserveront ces restrictions de voyage plus longtemps ».
D’ici peu, Il est probable que soient installés aux frontières des pays, des contrôles sanitaires et aussi des mises en quatorzaine surveillées.
En conclusion, il y a peu de raisons de penser que la circulation des populations ne soit pas durablement limitée à la fois pour des raisons techniques, par la volonté des états, mais aussi psychologiques, par la peur qui se répandra, notamment alimentée par l’incertitude.
Il semble logique d’imaginer que le tourisme en France sera essentiellement alimenté pour plusieurs mois par un flux franco français.
Nous sommes tout au début de cette crise : Au moment où la mer est d’huile, juste avant la tempête
En quelques semaines, le nombre de rendez-vous majeurs supprimés a explosé. Non seulement ces annulations ont un impact immédiat sur l’économie et le tourisme mais elles s’accompagnent de mesures restrictives prises par les entreprises, qui freinent voire interdisent les déplacements à l’étranger de leurs collaborateurs.
Quand bien même les organisateurs d’événements auraient le choix, seraient-ils bien avisés de programmer des manifestations alors même que les économies sont grippées et les transports à l’arrêt ?
Ce n’est donc pas le voyage d’affaires, qui représente 30 % du marché du voyage, qui va doper l’activité de l’hôtellerie dans les mois futurs et ce pour au moins 12 à 18 mois.
Ce sera long.
Interrogés par le cabinet Roland Berger, les dirigeants d’entreprises du tourisme estiment que la crise du Covid-19 aura un impact moyen de 40% sur leur chiffre d’affaires de cette année. Personnelent, je pense qu’ils sont optimistes.
Les professionnels interrogés sont une minorité à croire à une consommation euphorique après le confinement. Ils privilégient un scénario de prudence et une reprise moyenne, voire une réticence prolongée.
Avec un tissu économique mal en point, un endettement général des entreprises pour résister et un chômage record dans les prochains mois, le tourisme affinitaire va se développer.
Les acteurs interrogés pensent que la reprise sera conditionnée à un recours généralisé à des mesures sanitaires et anticipent un impact bien au-delà de 2020.
En conclusion, il ne faut pas s’attendre à une reprise rapide au 2ème semestre 2020. Nous mettrons plusieurs semestres à nous relever.
Ni le voyage d’affaires, ni le tourisme international n’alimenteront dynamiquement un flux de réservations qui permette aux hôtels de retrouver un planning de réservation vertueux.
Les hôtels qui réalisent la majorité de leur activité avec une clientèle étrangère et/ou professionnelle, ceux implantés dans les grandes métropoles, sont donc particulièrement touchés et ce pour au moins 12 à 18 mois.
Bien sûr, il sera indispensable d’ajuster les prix mais on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif.
Comme le sentent les professionnels du tourisme, il faudra réinventer et passer le compte d’exploitation prévisionnel au tamis si la trésorerie n’est pas en mesure « d’avaler le morceau ». L’hôtel à risque est celui d’une grande métropole, majoritairement tournée vers la clientèle affaires et internationale et dont la trésorerie est fragile. Ce hôtel aurait intérêt à monter d’urgence un budget de sauvegarde plutôt que de se faire surprendre quand son comptable ou son banquier l’appelera. Mais ce n’est pas facile à faire quand il y a autant d’inconnus.
Articles connexes :
Quels dangers pour les Hôteliers après la crise du Coronavirus ?
Ce qui changera pour les hôteliers après la crise du Coronavirus – 1ère partie
Ce qui changera pour les hôteliers après la crise du Coronavirus – 2ème partie